Le handicap causé par la surdité est “caché”, invisible à un regard superficiel et difficile, en outre, à mettre en évidence dans tous ses aspects.
La surdité ne se “voit” pas : on ne la reconnaît que lorsqu’on communique.
Ainsi, les personnes sourdes ne reçoivent pas toujours l’attention et l’aide nécessaires de la part des personnes entendantes.
À l’école, les camarades entendants de l’enfant sourd jugent souvent mal certaines de ses attitudes fermées ou irritables, sans tenir compte du fait que ce n’est pas la surdité en soi qui rend les personnes sourdes méfiantes, agressives, irritables et argumentatives, mais plutôt la confrontation quotidienne avec des barrières qui empêchent la communication.
L’incapacité à établir une relation significative avec les autres expose donc la personne sourde à une série de frustrations, qui se traduisent souvent par des attitudes agressives, lesquelles sont d’ailleurs plus fréquentes chez les sourds que chez les entendants.
Mais, même ici, il ne faut pas se fier aux apparences.
Les comportements agressifs sont, en fait, communs aux sourds et aux entendants : ces derniers possèdent toutefois une maîtrise linguistique qui leur permet de canaliser leur émotivité dans des mots, souvent durs et tranchants, et de se défendre par l’ironie et le sarcasme.
Les personnes sourdes, en revanche, en raison de la difficulté à utiliser le langage verbal, surtout dans les situations où l’implication émotionnelle est plus grande, ont souvent recours au langage corporel, un langage “d’action” dans lequel elles expriment directement leurs frustrations.
Ce type de comportement est cependant jugé excessif et sanctionné plus sévèrement que celui des personnes entendantes.
Une autre conséquence de la surdité en tant que “handicap caché” est le détachement que les personnes entendantes affichent souvent lorsqu’elles traitent avec des personnes sourdes.
Parmi les raisons de ce comportement, il y a peut-être aussi le sentiment d’impuissance ressenti par l’entendant face aux difficultés de communication avec le sourd, une impuissance qui provoque une réaction d’indifférence émotionnelle progressive.
Cela peut également se produire si la personne entendante est le parent d’un enfant sourd. En fait, les parents qui adoptent le langage verbal comme seul mode de communication avec leur enfant sourd sont susceptibles d’éprouver, après les premières années de vie de l’enfant, un sentiment de profonde frustration face à cette relation incomplète.